ET ÇA, ÇA VIENT D'OÙ? LE COUSU GOODYEAR

Le cousu Goodyear, c’est une expression que l’on rencontre tous les jours quand on s’intéresse un minimum au monde de la chaussure. Mais si tout le monde s’accorde pour dire que le cousu Goodyear “c’est le top”, peu de personnes savent exactement ce qu’il représente, d’où il vient et surtout pourquoi “c’est le top”. Ce mois-ci Kalflo, la nouvelle marque de chaussures pour homme, se plonge dans les origines de ce fameux procédé et explique pourquoi elle a choisi de l’appliquer à ses produits plutôt que ses alternatives.
Y’avait quoi avant le cousu Goodyear?
Impossible de parler du cousu Goodyear et de son apport dans l’industrie sans se replonger un minimum dans l’histoire de la chaussure moderne.
Pendant des siècles à partir du Moyen-Âge, les chaussures sont pratiquement toutes réalisées à l’aide d’un montage appelé cousu retourné. La semelle est cousue directement sur une tige (partie supérieure de la chaussure) montée à l’envers sur la forme.
Ce cousu certes ingénieux présente de nombreux inconvénients. Il ne permet de faire que des chaussures souples à cause de l’opération de retournement (pour remettre la tige dans le bon sens) et une fois la semelle usée, la chaussure est bonne à jeter.
Pour remédier à ce problème, pendant des siècles sont étudiées diverses solutions jusqu’au 16ème siècle où l’on voit l’apparition d’une trépointe (bande de cuir) faisant le lien entre tige et semelle. Grâce à ce système encore plus ingénieux, plus besoin de monter la chaussure à l’envers sur la forme. On peut enfin fabriquer des chaussures plus solides avec des talons plus conséquents. C’est l’invention du cousu trépointe, cousu encore utilisé aujourd’hui dans la botterie sur mesure.
Malgré cette avancée technique considérable à l’époque, les chaussures sont toujours faites à la main. Il faut attendre la révolution industrielle et la mécanisation des méthodes de production pour enfin se rapprocher des cousus que l’on utilise encore aujourd’hui.
Le 18ème siècle et la révolution industrielle: le soulèvement des machines
Blake révolutionne le monde de la chaussure
À partir du 18ème siècle, la mécanisation systématique de l’industrie pousse les fabricants de chaussures à s’adapter s’ils veulent produire toujours plus. Mais cette course à la productivité n’est guère compatible avec une fabrication entièrement manuelle.
Et avant l’héritier de la dynastie Goodyear, c’est un certain Lyman Reed Blake qui va révolutionner le monde de la chaussure.
Blake travaille depuis toujours au milieu des chaussures.
À l’âge de 16 ans, il fonde avec son frère Samuel une entreprise dans laquelle ses employés découpent des pièces de cuir qui sont ensuite envoyées chez les bottiers qui les assemblent aux semelles à la main.
Mais c’est son expérience chez I.M. Singer Company qui va le pousser à réfléchir à une solution mécanique à la fabrication de la chaussure. Chez Singer, il installe dans les usines de fabrication de chaussures la machine à coudre récemment inventée par la marque. Cependant, celle-ci permet uniquement d’assembler les différentes parties de la tige et celles-ci s’empilent alors, en attente d’être chevillées aux semelles.
C’est alors qu’il a le déclic de modifier le design de la chaussure afin de développer une machine qui permet d’assembler la tige, une semelle intérieure et une semelle extérieure en une seule opération.
Après 2 années de développement, tout est prêt mais sa santé défaillante le pousse à vendre son brevet en 1859 à un certain Gordon McKay qui flaire le potentiel énorme de la machine.
Quelques années plus tard, Blake s'associe de nouveau avec McKay et améliore la machine à de nombreuses reprises. C’est ainsi qu’est née la machine McKay réalisant le cousu Blake.
Les Goodyear entrent en jeu
Mais au même moment, un homme n’est pas satisfait de la méthode McKay/Blake.
James Hanan travaille de son côté au développement d’une machine offrant des avantages considérables par rapport celle de McKay et proposant une méthode de couture de la semelle différente de toutes les machines présentes sur le marché à l’époque.
Cependant, son invention connaît de multiples problèmes mécaniques.
C’est alors qu’il approche Charles Goodyear Jr., alors occupé à gérer l’empire créé par son père Charles Goodyear, inventeur et père du brevet de la vulcanisation du caoutchouc.
Goodyear Jr. tout comme McKay entrevoit l’immense potentiel de la création de Hanan et lui achète son brevet.
Pour remédier aux problèmes mécaniques, Goodyear Jr. s’attache les services de l’inventeur Auguste Destouy (qui avait cédé son brevet à Hanan) et du mécanicien Daniel Mills. Ensemble, ils vont à force de patience (une trentaine d’années), de brevets déposés (7) et de fonds investis développer la machine finale que l’on connaît et utilise aujourd’hui.
Le cousu Goodyear est né.
C’est quoi au juste le cousu Goodyear?
Pas besoin d’y aller par quatre chemins: le cousu Goodyear, c’est un cousu trépointe mécanisé. La tige (partie supérieure de la chaussure) est montée sur une forme sur laquelle a été fixée une première (semelle intérieure qui définit la base et suit la forme de la chaussure). La machine Goodyear, grâce à un mécanisme de fonctionnement très complexe, a pour objectif de coudre une trépointe (bande de cuir) avec l’ensemble tige+première. Ainsi, la semelle extérieure peut être soit collée à l’ensemble ou cousue à la trépointe. On parle alors de couture petits points.
Alors, Blake ou Goodyear?
Quand on commence à s’intéresser de près au milieu de la chaussure, on entend souvent que le “Goodyear c’est le top” sans trop savoir pourquoi. En réalité, les deux cousus ont leurs mérites et des intérêts différents.
Le cousu Blake permet d’avoir des chaussures plus fines visuellement car la chaussure ne nécessite pas forcément de semelle débordante (absence de couture petits points). Mais ressemeler un cousu Blake, bien que possible, présente ses limites. En effet, il est impossible au cordonnier qui effectue cette opération de repasser par les mêmes trous. La création de nouveaux trous vient donc fragiliser la structure et la durée de vie de la chaussure s’
Le cousu Goodyear de son côté permet un parti pris stylistique tout à fait différent en privilégiant un look “costaud”, prêt à affronter tous les challenges de la rue. La semelle peut être débordante à souhait et peut être soit en cuir ou en gomme.
Et le côté costaud ne s’arrête pas là au look. Le montage Goodyear est aussi beaucoup plus durable et donc écologique.
Il a été inventé spécifiquement pour cela. Le remplacement de la semelle ne nécessite que de défaire la couture petits points. La structure de la chaussure, première/tige/trépointe, reste intacte. Il est donc facile d’imaginer une paire de chaussures fabriquée avec un cousu Goodyear durer une vingtaine d'années et ne nécessitant qu’un ressemelage de temps à autre (sous réserve que la tige et le reste de la chaussure soient entretenus régulièrement).
Et Kalflo alors?
Chez Kalflo, la nouvelle marque de chaussures pour homme, on pense qu’une paire de chaussures de qualité doit pouvoir procurer du plaisir à celui qui la porte pendant de nombreuses années tout en proposant un style urbain moderne marqué et en laissant une empreinte écologique la plus faible possible.
C’est donc sans surprise que nous avons choisi le cousu Goodyear pour nos modèles, le Lazyman et le Notorious.
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